Pour décrire l’oeuvre du peintre suisse Arnold Böcklin (1827-1901), l’oxymore n’est pas de trop.
Son œuvre conjugue en effet avec un appétit éclectique les scènes imaginaires et les corps aux défauts bien réels, la mythologie avec des relents de modernité, les paysages épanouis et les atmosphères morbides.


Fasciné par le paysage italien, dont il reprend les tonalités douces et automnales dans nombre de ses toiles (Champs Elysées, Les Cavaliers Maures), Böcklin est aussi un amateur de fantastique et de mythologie.

Si ses créatures semblent apaisées et proprement hors de notre monde, on s’aperçoit en y regardant bien que les travers de la société du 19ème siècle les atteignent. Les corps sont parfois boursouflés (par la luxure pourrait-on supposer, comme dans Triton et Néréide), les situations choisies laissent transparaître la violence dont le peintre a pu être témoin : scènes d’enlèvement (Nymphe et centaure à l’orée d’un bois), de guerre.


L’artiste arrive à nous faire palper un idéal que l’on sent impossible à atteindre. Un grand génie de la mélancolie à mon sens.

Pour aller plus loin :
Un résumé complet de la carrière du peintre sur le site du Musée d’Orsay
Une analyse psychologique du célèbre tableau l’Ile des Morts par J.B. Garré sur le site Psychiatrie Angevine