Balade au Moyen-âge

Quand l’histoire prend place dans l’Histoire…

Je vous suggère aujourd’hui quelques romans pour une immersion dans la période médiévale. Si cette dernière est vaste (presque 1000 ans tout de même), les 10è-13ème siècles sont très représentés dans la littérature.

Amateurs de romans policiers ou non, je vous recommande la très bonne série des Frère Cadfael de la romancière Ellis Peters. En Angleterre, pendant la guerre civile entre le roi Etienne et l’impératrice Mathilde (1137-1148), frère Cadfaël, bénédictin à l’abbaye de Shrewsbury, aide ses confrères en résolvant des meurtres.

La précision historique et la description de la vie au moyen-âge sont très immersives. L’auteur nous en apprend ainsi beaucoup sur le fonctionnement d’une abbaye : rythme des prières, travaux des moines, aide aux pestiférés, culture de simples et autres plantes médicinales, réunions du chapitre, travail de copie et d’enluminure. Les personnages principaux sont attachants et on a plaisir à les retrouver d’une enquête à l’autre : Cadfael et son ami le shérif Hugh Beringar, le prieur Robert et le frère Jérôme, jaloux de Cadfael, l’abbé Radulphe, sévère mais juste.

Impossible de parler du Moyen-Age sans évoquer Ken Follett. Ses romans à succès Les Piliers de la Terre et Un monde sans fin dépeignent avec précision les métiers, constructions, coutumes et savoir-faire médiévaux. Le premier tome a lui aussi pour cadre la guerre entre Mathilde et Etienne, le second se déroule en revanche 100 ans plus tard. Ken Follett a un grand sens du rythme narratif et de l’intrigue. Les 1000 pages de ces deux romans se dévorent d’une traite tant on est happé par les péripéties des personnages aux caractères affirmés. Prêtres retors, nonnes rebelles, artisans géniaux, nobles sans foi et autres sorcières au destin dramatique… Cela peut sonner manichéen, mais Follett sait introduire de la nuance, faisant tout le sel de ses livres.

Dans un style moins épique et plus contemplatif, quoi qu’il y ait de l’aventure dans ses romans, il faut aussi citer Jeanne Bourin. Dans La Chambre des Dames et Le Jeu de la Tentation, Jeanne Bourin raconte l’histoire de jeunes femmes en âge de se marier mais en proie aux affres de la passion. Dans le carcan social qui contraint à l’époque la femme, certaines arriveront à se faire une place, telle Marie l’enlumineresse. D’autres devront renier leurs désirs et trouver consolation dans la foi chrétienne ou dans leurs enfants. La reconstitution proposée par l’auteure est fascinante : la description des maisons et de leurs jardins, les champs et les fêtes, les tentures, les fleurs comme les petits gâteaux, tout respire l’authenticité historique !

Couverture du Roi de Fer par Maurice Druon

La grande saga des Rois Maudits de Maurice Druon est également incontournable. L’auteur retrace les règnes de Philippe le Bel à Jean Le Bon. Romancée, l’intrigue n’en est pas moins très fidèle à l’Histoire. Le style est riche mais fluide, utilisant sans exagération le vocabulaire médiéval. Entre empoisonnements, tromperies conjugales et trahisons d’état, la période est propice à de multiples rebondissements.

Enfin je citerai deux romans médiévaux au ton léger et faciles à lire. Dans le Décaméron de Boccace (1349-1353), des jeunes gens fuient la peste qui touche Florence et se réfugient à la campagne. Pour s’amuser, ils se racontent force histoires amoureuses. De l’amour galant aux libertinages de prêtres hypocrites, Boccace passe du registre tragique à l’ironie mordante. Les récits humoristiques sont assez nombreux et montrent bien que Moyen-Age ne rime pas avec rigidité.

Tapisserie de la dame à la licorne, le Goût (détail) – Vers 1500 – Musée de Cluny

Pour terminer je vous invite à relire le Roman de Renart, un monument d’humour : inconvenant, osé, épineux, obscène… bref ça décoiffe !