Petite réjouissance littéraire du jour : deux poèmes de l’Antiquité et de la Renaissance. Attention, langage cru, laideur et comique sont au rendez-vous :
Dans le premier texte, extrait des Priapées (1er siècle), Priape, affligé d’un pénis géant et d’une lubricité égale, s’adresse à une femme :
« Tu me regardes comme une marionnette,
Avec une serpette de bois et une quéquette en toc.
Cette quéquette je te la fourrerai, tu te la prendras tout entière enfourrée, à la loyale,
Et tu vas en sentir la taille.
Elle est plus raide qu’un treuil, plus bandée qu’une lyre
Et je te l’enfoncerai jusqu’à la septième côte.
Qu’est-ce qui te fait rire, triple idiote ?
D’accord, je ne suis pas l’oeuvre de Scopas ou de Praxitèle
Ni un marbre poli par Phidias
– c’est un paysan qui m’a taillé dans un morceau de bois
et il a dit à sa créature : « Tu seras Priape ».
Cela ne t’empêche pas d’ailleurs de me regarder.
Et tu es prise de fou rire, rien d’étonnant, au spectacle croustillant
De ce pieu dressé en bas de mon ventre. »
Le poème de Clément Marot (1496-1544), Le Contreblason du tétin, s’inscrit quant à lui dans la longue tradition de la littérature misogyne :
« Tétin qui n’as rien que la peau
Tétin flac, tétin de drapeau,
Grand’tétine, longue tétasse,
Tétin, dois-je dire : besace ?
Tétin au vilain grand bout noir
Comme celui d’un entonnoir,
Tétin qui brimballe à tous coups,
Sans être ébranlé ne secous
Bien se peut vanter qui te tâte
D’avoir mis la main à la pâte.
Tétin grillé, tétin pendant,
Tétin flétri, tétin rendant
Vilaine bourbe en lieu de lait,
Le diable te fit bien si laid !
Tétin pour tripe réputé,
Tétin, ce cuidé-je, emprunté
Ou dérobé de quelque sorte
De quelque vieille chèvre morte.
Tétin propre pour en Enfer
Nourrir l’enfant de Lucifer ;
Tétin, boyau long d’une gaule,
Tétasse à jeter sur l’épaule
Pour faire – tout bien compassé –
Un chaperon du temps passé,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te prendre avec des gants doubles,
Pour en donner cinq ou six couples
De soufflets sur le nez de celle
Qui te cache sous son aisselle. »
Poèmes extraits de l’ouvrage Histoire de la Laideur dirigé par Umberto Eco.
Si vous voulez lire d’autres morceaux pas piqués des vers, relisez mon article sur le Roman de Renart et Comme une merde au soleil, pour découvrir des monuments de galanterie envers la gent féminine.
Haha ! J’adore, des rimes rares et pénétrantes 😜
Petit PS : j’ai fini « Khadija » je t’envoie mon article par mail au plus tard après-demain 😊
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Super 🙂
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Mail envoyé 😉
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