Durant mes années d’études supérieures à l’Ecole du Louvre, ce musée est devenu comme ma seconde maison. Je vous propose aujourd’hui une petite visite guidée parmi mes œuvres préférées. Loin d’être exhaustif, j’espère que cet avant-goût vous incitera à l’exploration !
Ce magnifique ensemble en cristal, verre et bronze doré a été acquis par la Duchesse de Berry pour son château de Rosny sur Seine. Le style empire du mobilier est ici renouvelé grâce à l’usage atypique du cristal. Les formes torses des montants de la chaise et de la table sont en revanche caractéristique de ce style de mobilier du début du 19ème siècle.

Collier de perles et de pendentifs incrustés, époque achéménide, vers 350 avant J.-C., Paris, Musée du Louvre
Ce collier représente l’art de l’orfèvrerie perse à son apogée. Découvert dans l’acropole de la cité de Suse, il est composé d’or, de lapis-lazuli, de turquoise et de cornaline. Les pendentifs reprennent la forme des bottes portées par les nobles perses.
Donatello excelle dans l’art de la sculpture en bas-relief. Il emploie ici à juste escient l’effet d’aplatissement que procure ce type de sculpture pour faire s’épouser les formes de la mère et de l’enfant. Au plus proche l’un de l’autre, leur geste de tendresse inquiète présage cependant de l’avenir et des douleurs à venir…
Une partie de l’article “Chevelures en tous sens” est consacrée à cette oeuvre, n’hésitez pas à le relire.
Dans la Bible, la chevelure de Marie Madeleine, symbole de sensualité et de lucre, devient objet d’humilité dès lors qu’elle se repent de sa vie de pécheresse. Ainsi elle s’en sert pour essuyer les pieds du Christ sur la croix. Dans la sculpture de Gregor Erhart, la chevelure devient habit, bien que camouflant partiellement sa nudité. Toutefois le sculpteur, en laissant voir cette chair, exprime un corps assumé et lavé de ses péchés : donc d’une beauté innocente proche de l’Éden originel. Le corps de la Madeleine est sensuel mais non provocant. Il s’offre à une contemplation apaisée.

Statuette de génie appelé “Le balafré”, civilisation de l’Oxus, IIIè millénaire avant J.-C., Paris, Musée du Louvre
La civilisation de l’Oxus s’est épanouie entre la Bactriane et la Margiane (Turkménistan, Ouzbékistan et Afghanistan actuels) entre la fin du IIIe et le début du IIe millénaire av. J.-C. Les statuettes de génies “balafrés”, assez rares, sont faites de matériaux composites : calcite, chlorite et un peu de fer météoritique pour le serre-tête du personnage. Ce personnage a des affinités reptiliennes : recouvert d’écailles, il est en effet un représentant du monde souterrain et tient sous son bras un vase renfermant des eaux bienfaitrices. La musculature du personnage traduit sa force. Cependant, sa balafre symbolise la domination de la Grande Déesse dans la mythologie de l’Asie centrale. La scarification, ainsi que les deux trous servant à clouer la bouche du personnage, permettent ainsi de maîtriser son énergie redoutable.
Dans le récit mythologique, Psyché est l’élue d’Eros mais il lui est interdit de le voir. Alarmée par ses compagnes qui suggèrent qu’elle passe ses nuits avec un monstre hideux, Psyché décide de contempler le visage de son amant à la lumière de la lampe à huile. Malheureusement, une goutte d’huile tombe sur le torse du Dieu et le réveille. Celui-ci, dépité de sa trahison, abandonne Psyché.
Le sculpteur Augustin Pajou la représente ici en proie aux affres du remords. Toute de douleur, Psyché soutient son sein comme s’il avait été mortellement blessé.
La sensualité de la jeune femme est ici exacerbée, ce qui choqua les contemporains : joues pleines, seins rebondis, cuisses arrondies, boucles souples et opulentes…
Pajou offre un style qui renouvelle l’inspiration antique alors en vigueur ; bientôt, une vague plus naturaliste s’ensuivra dans la sculpture française.

Panneau de la Vierge à l’Annonciation, fin du Ve siècle après J.-C., bois de figuier peint, Paris, Musée du Louvre
Il s’agit d’une oeuvre d’art copte, c’est-à-dire de la civilisation chrétienne d’Egypte (IVè – XIIè siècles).
La Vierge est représentée assise, filant la laine pourpre, tissu précieux, pour réaliser le voile qui servira à la présentation au Temple du Christ. L’archange de l’annonciation a disparu, mais on peut encore lire la surprise de Marie à ses grands yeux écarquillés, à sa bouche entrouverte et à son geste du bras droit.
Cette délicate statuette en stéatite recouverte d’une glaçure (enduit brillant), représente l’épouse du roi égyptien Aménophis III, dont on ne voit plus ici que le bras imposant.
Tiy arbore les emblèmes royaux : dépouille de vautour sur sa perruque, surmontée des deux plumes de la Haute et de la Basse Egypte, sceptre floral. Le style est délicat et dépeint parfaitement le corps à la fois juvénile et très féminin de la reine : visage joufflu, petits seins ronds, taille marquée, hanches larges. Le revêtement de plumes qui couvre la tunique de la jeune femme est l’attribut des déesses, présageant donc de son accession au monde divin après sa mort.

Singes qui ornaient le socle de l’obélisque du temple de Louxor, règne de Ramsès II (1279 – 1213 av. J.-C.), 19e dynastie, Paris, Musée du Louvre
Ce bloc autrefois à la base de l’un des obélisques du temple de Louxor représente quatre babouins dressés en adoration devant le Dieu Soleil, Râ. De nombreux textes égyptiens tels les Hymnes au Soleil racontent comment les singes chantent et dansent devant le Soleil levant, qu’ils guident pour passer la Porte du Jour.
Ce magnifique tissu décoratif de l’Egypte chrétienne est exceptionnel par sa taille et sa couleur. Le fond lie-de-vin vient ainsi souligner le thème des vendanges, réalisées par des putti (amours ailés et grassouillets).
Quand la préciosité de la vaisselle ravive la sensualité des mets ! Ici, le jeu des textures est magistral : raisins translucides, citrons grumeleux, plateaux en argent aussi lisse qu’éclatants, bois lustrés et tourte craquante, velours de la nappe répondant au velouté de la peau d’abricot… la nature morte de Jan Davisdz De Heem est aussi un festin pour les yeux !
La facétie du sujet accompagne la légèreté de la touche picturale. Mais ce petit format est plus complexe qu’il n’en a l’air ! Où se situent réellement les voyeurs ? Car si les demoiselles entrouvrent le rideau avec malice, nous profitons de notre côté de leurs charmes dévoilés…

Botticelli, Vénus et les Trois Grâces offrant des présents à une jeune fille, vers 1483 – 1485, Paris, Musée du Louvre
Voici une oeuvre atypique chez Botticelli puisqu’il s’agit d’une fresque provenant de la villa Lemmi en Italie. Le style de Botticelli est très reconnaissable : silhouettes diaphanes et gracieuses, cheveux aux boucles légères, silhouettes dansantes et couleurs délicates. La jeune fille, représentée à droite, apparaît volontairement plus lourde, plus massive que les déesses aériennes qui s’approchent d’elle.
Ce tableau flamboyant représente une scène de la pièce Sardanapale de Lord Byron. Assiégé par ses ennemis, le sultan Sardanapale décide de se donner la mort, entraînant avec lui tout ce qui faisait sa joie et sa fierté : esclaves, chevaux et trésors. Delacroix use d’arabesques et de couleurs fougueuses pour traduire le chaos régnant : femmes malmenées, chevaux se cabrant, esclaves suppliant… La lumière du bûcher qu’a fait allumer le souverain fait rougeoyer la scène. L’entassement des objets et des personnages, le contraste entre corps blancs et sensuels des femmes et corps musculeux des hommes viennent accentuer l’impression de violence. Sardanapale, en contrepoint, assis sur sa couche, reste de marbre.
La fameuse céramique d’Iznik se caractérise par le contraste de blancs, de bleus et de turquoises. Les motifs végétaux traditionnels laissent ici place à des représentations animalières.
Ce paysage aquarellé est réalisé lors du retour du voyage en Italie entrepris par Dürer en 1495. Le relief accidenté du val d’Arco est rendu avec précision. Une ambiance poétique se dégage du paysage grâce au jeu subtil des couleurs assourdies.
Et vous, quelles sont vos œuvres préférées ? Vos commentaires sont les bienvenus !