Du paysage à la ville en passant par le portrait, l’exposition proposée par le musée de l’Orangerie est variée, relativement brève certes, mais fort bien construite. Les artistes sélectionnés représentent la quintessence de la peinture de cette période.
Voici un petit passage en revue, que vous pourrez compléter en relisant mes articles sur la peinture de paysage américaine et sur l’Ashcan school.
Le paysage américain et notamment ses vastes aires agraires fascinent les artistes. Grant Wood, John Steuart Curry, Alexandre Hogue ou encore Thomas Hart Benton s’y attachent tout particulièrement.
La terre nourricière aux rotondités sensuelles de Wood s’incarne littéralement en femme chez Hogue. Mais si la nature est verdoyante chez l’un, elle devient désertique chez l’autre. Hogue se plaira en effet à représenter les étendues stériles de l’Ouest américain.
Thomas Hart Benton s’intéresse quant à lui à l’interaction entre les hommes et la nature. La domestication de celle-ci s’avère difficile : personnages accablés de labeur (Cotton Pickers), conditions climatiques difficiles (The hailstorm), mauvaises récoltes… Dans Haystack, on voit ainsi des personnages maigres, courbés par le travail.
La modernité de la ville, des loisirs et des moyens de transports est également un sujet très représenté. Toutefois l’heure n’est pas encore à la célébration de produits de consommation populaires, comme on le verra avec le Pop Art trente ans plus tard, mais à l’interrogation. Chez Wood, la route et la vitesse deviennent synonymes de danger. Les multiples points de vue sur la toile créent ici une perspective tournoyante, qui, ajoutée à l’éclairage dramatique, rendent avec intensité l’imminence de l’accident.
Le cinéma est dépeint par Hopper comme un lieu de solitude : la salle est à moitié vide. L’ouvreuse, de côté, attend, plongée dans ses pensées, plutôt que de profiter de la projection.
La rue apparaît chez Reginald Marsh comme un lieu de bousculade et de confusion. La dame distinguée sur la gauche du tableau semble d’ailleurs hésiter à s’aventurer dans cette cohue.
Le tableau de Morris Kantor diffère des thèmes vus jusqu’alors et reprend résolument un sujet classique. Mais l’intérieur qu’il dépeint est « hanté » par la présence de l’extérieur, qui se replie dans le salon sous la forme d’ombres planes.
Terminons ce rapide tour d’horizon par un des portraits les plus connus de la peinture américaine. Outre le sérieux et la dignité des personnages, on remarquera un petit clin d’œil de Wood : le motif de la fourche du paysan est dédoublé dans la couture de sa salopette.
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