Si je pouvais t’offrir le bleu secret du ciel,
Brodé de lumière d’or et de reflets d’argent,
Le mystérieux secret, le secret éternel,
De la vie et du jour, de la nuit et du temps,
Avec tout mon amour je le mettrais à tes pieds.
Mais moi qui suis pauvre et n’ai que mes rêves,
Sous tes pas je les ai déroulés.
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.
William Butler Yeats, Lui qui aurait voulu pouvoir offrir le ciel, 1899
Les deux œuvres choisies pour illustrer ce poème de Yeats évoquent la fragilité de notre monde intérieur, mais aussi sa douceur et son refuge apaisant. La photographie d’Hervé Guibert montre un doudou, élément de réconfort et de tendresse accompagnant l’enfant dans ses rêves. Mais cet « Agneaudoux » est ici renversé tête en bas, prêt à être lâché. La naïveté et la douceur enfantine représentées par cette peluche sont donc en péril…
L’oeuvre d’Hockney, un photomontage réalisé au jardin zen de Ryoanji, évoque quant à elle la démarche contemplative de l’artiste. Les jardins zen sont en effet un lieu de ressourcement, de calme et de méditation. Les sillons formés par le sable autour des rochers invitent à se perdre dans les méandres de notre propre intimité. La marche, lente et inspirée, est également un vecteur privilégié d’atteindre la sérénité sinon la révélation.
Deux œuvres qui nous invitent, comme Yeats, à prendre soin de nous-mêmes pour mieux prendre soin d’autrui.