Le rebut de la société ?

Au début du XXè siècle en Amérique, deux courants artistiques voisins s’attachent à dépeindre le quotidien des classes populaires : l’Ashcan School et, dans une moindre mesure, The Eight.

Le nom d’ashcan school, littéralement « école de la poubelle », serait-il un clin d’œil au « rebut » de la société qu’il représente ? Populations pauvres, classes ouvrières industrieuses et fatiguées, petits commerçants des bas-quartiers…

Ernest Lawson, Harlem Flats, Back lot laundry, 1907, Huntington Library, Art Collections, and Botanical Gardens

Ernest Lawson, Harlem Flats, Back lot laundry, 1907, Huntington Library, Art Collections, and Botanical Gardens

Les artistes de l’ashcan school représentent des scènes de rue, des villes aux quartiers tantôt glauques, tantôt bariolés, souvent délabrés.

John Sloan, Sunday, Women Drying Their Hair, 1912, Addison Gallery of American Art, Phillips Academy, Andover

John Sloan, Sunday, Women Drying Their Hair, 1912, Addison Gallery of American Art, Phillips Academy, Andover

George Luks, Allen street, 1905, Hunter Museum of American Art, Chattanooga

George Luks, Allen street, 1905, Hunter Museum of American Art, Chattanooga

Stuart Davis, China town, 1912, Amon Carter Museum of American Art, Fort Worth

Stuart Davis, China town, 1912, Amon Carter Museum of American Art, Fort Worth

Utilisant des larges aplats et des couleurs troubles, les œuvres de Stuart Davis, Ernest Lawson, ou encore George Bellows, traduisent une atmosphère enclavée, sombre.

George Bellows, Tin Can Battle, 1907, Sheldon Memorial Art Gallery, University of Nebraska, Lincoln

George Bellows, Tin Can Battle, 1907, Sheldon Memorial Art Gallery, University of Nebraska, Lincoln

Incontournable référence pour ses scènes représentant la misère sociale mais aussi le travail acharné des classes ouvrières, l’oeuvre de Gustave Doré, London a Pilgrimage, était sans doute connue des artistes de l’ashcan school.

Gustave Doré, planche extraite de London, a pilgrimage, 1872

Gustave Doré, planche extraite de London, a pilgrimage, 1872

Ce recueil de gravures est publié en 1872 et participe à la notoriété de Doré, d’ailleurs plus célébré outre-manche qu’en France.

Les artistes de l’ashcan school se sont aussi inspirés des grands peintres du réalisme et du naturalisme français : Honoré Daumier, Édouard Manet, ou encore Gustave Courbet.

Honoré Daumier, Les lavandières, 1863, MET, New York

Honoré Daumier, Les lavandières, 1863, MET, New York

George Bellows, Edith Cavell, 1918, collection privée

George Bellows, Edith Cavell, 1918, collection privée

George Bellows, The Knock Out, 1907, collection privée

George Bellows, The Knock Out, 1907, collection privée

Les rixes de rue, les entrailles sordides d’une prison de seconde zone, ou encore les loisirs obscurs et bruyants des combats de boxe clandestins font partie des thèmes chers à George Bellows.

Dans l’œuvre The Knock Out, à la violence du boxeur vainqueur qui tente de s’acharner sur son opposant tombé au sol, répond le chahut du public surexcité. Accablés de travail pendant la journée, éreintés par la pauvreté, les hommes ont en effet bien souvent pour seul loisir et défouloir les matches de box et l’alcool frelaté.

tEverett Shinn, Punch and Judy, 1920, collection privée

Everett Shinn, Punch and Judy, 1920, collection privée

Toutefois des visions plus positives co-existent au sein de l’Ashcan School. Ainsi la toile d’Everett Shinn représente un divertissement populaire gai et bon-enfant : un spectacle de marionnettes organisé dans un parc. Mais à bien regarder l’habillement des adultes, on constate que la classe sociale dépeinte par Shin est déjà plus aisée que les protagonistes de Belows.

Notons enfin que les artistes de l’Ashcan ont aussi peint des paysages aux tons lumineux, contrastant avec l’esthétique plus saturnienne de la ville.

George Bellows, Romance of Criehaven, 1916, San Francisco Museum of Fine Arts

George Bellows, Romance of Criehaven, 1916, San Francisco Museum of Fine Arts

Ernest Lawson, Approaching storm, 1922

Ernest Lawson, Approaching storm, 1922

 

 

Une réflexion au sujet de « Le rebut de la société ? »

  1. Ping : La peinture américaine des années 30 | La Labyrinthèque

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.